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prétend qu’en cette affaire le roi était deux fois jaloux mais cela ne te regarde pas.

La reine en avait fini avec M. de Cinq-Mars, le pauvre jeune homme. Elle était venue ce jour-là à son premier rendez-vous avec M. de Mazarin, qui l’a fixée, depuis lors, en tout bien tout honneur, et dont elle est folle, ce que verront bien, sous peu, messieurs de la cabale.

La reine et le nouveau cardinal arrivèrent au manoir avec le roi sur leurs talons, le roi et ses mousquetaires. Ils étaient pris au piège.

Tenter de fuir eût été folie, Anne d’Autriche, qui croyait entrer dans une maison déserte, rencontra sous le vestibule la comtesse Éliane de Pardaillan et lui dit :

— Sauvez-moi, je suis la reine.

— Je suis prête à me dévouer pour la reine, répondit madame Éliane sans hésiter.

Anne d’Autriche lui prit les mains et la baisa au front, disant :

— Aujourd’hui comme dans vingt ans, demandez-moi ce que vous voudrez, madame, pour prix du grand service que vous me rendez.

Pendant cela, M. de Mazarin, plus tremblant que la feuille, baisait le bas de la robe de la comtesse.

Celle-ci dit :

— J’accepte la promesse de Votre Majesté. Il y a un cruel malheur dans ma vie. Il se peut que j’aie besoin tôt ou tard de la protection royale.

La reine entra. Ce fut moi qui la cachai. Madame Éliane sortit, entraînant le cardinal au