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— Que Dieu bénisse le roi ! s’écria Pola.

— C’est l’avis de la reine, maintenant qu’il est mort, répliqua Mélise en riant. Ce jour-là, je ne sais pas si elle priait bien ardemment pour son seigneur et maître.

La recherche fut longue. Le roi s’était fait ouvrir les portes du manoir de Rivière-le-Duc, et attendait dans le grand salon, les pieds au feu, en compagnie de Rimbaut et Royauté, les deux chiens courants de long poil qu’il appelait ses meilleurs amis.

Vers neuf heures du soir, M. le marquis de Rauzan amena le cavalier et la dame. Le roi le congédia et ne garda que ses chiens.

Les dents du cavalier claquaient sous son manteau, derrière lequel il abritait son visage. La dame cachait ses traits à l’abri de son voile.

Le roi resta un instant silencieux, puis il dit :

— Découvrez-vous, Henri, je vous ai reconnu.

Le plus cher favori de Louis XIII, M. le Grand, s’appelait Henri Coiffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars.

Le cavalier se mit à genoux et se découvrit.

— Fi ! monsieur le cardinal ! s’écria le roi, stupéfait en voyant la face blême et la fine moustache de Mazarin.

— C’était le cardinal de Mazarin ! dit Pola, aussi étonnée qu’avait pu l’être le roi.

Elle ajouta, scandalisée, et en se signant dévotement :

— Un prêtre !

— Oh ! répliqua Mélise, beaucoup mieux aguerrie, les prêtres de la cour, tu sais… M. le