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Près de cent ans auparavant, en l’année 1546, le duc d’Orléans, fils de François Ier, qui fut depuis Henri II, chassait le cerf dans la forêt de Saint-Germain, accompagné de madame Diane, sa belle amie. C’était un dix-corps de force prodigieuse qui, acculé par les chiens dans le quartier de la Croix-de-Bois, franchit le mur de Rivière-le-Duc et se réfugia chez M. de Pardaillan.

Henri était fort échauffé. Il fit coupler les chiens sur place et pratiquer une brèche au mur de son voisin. Après quoi la chasse continua. Le cerf fut forcé. Mais quand les gens du roi voulurent réparer la brèche, le Pardaillan d’alors, ton très grand oncle, fit opposition, disant que ce lui était un honneur d’avoir brèche ouverte sur les terres de la couronne, et que nul ne pouvait retirer ce qu’un fils de France avait donné. La brèche resta.

Ce Pardaillan ne savait pas de quelle importance sa fantaisie devait être, un siècle plus tard, pour notre cavalier et notre belle dame.

Le roi Louis XIII vint jusqu’à la brèche et la franchit sans hésiter. Bourbon vaut bien Valois.

La course l’avait fatigué, et il était en colère.

— Messieurs, dit-il, ce que je cherche est ici. Que la brèche soit gardée et que le parc soit fouillé de bout en bout. Je le veux !

Les mousquetaires obéirent avec répugnance peut-être, mais ils obéirent. Le roi avait ajouté :

— Nul ne vous gênera dans vos recherches. Madame la comtesse de Pardaillan est auprès de son mari malade dans le Rouergue. Celle-là est une honnête femme, messieurs !