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Ce cavalier parlait avec un fort accent italien.

L’Italien et sa compagne étaient dans le sentier de ronde, bordé d’un côté par le mur, de l’autre par les fourrés. La fuite semblait impossible. Le cavalier, cependant eut une inspiration.

— Nous ne devons pas être loin de la brèche d’Orléans, dit-il ; si nous la trouvons, nous sommes sauvés.

Ici Mélise s’interrompit pour demander :

— Sais-tu l’histoire de la brèche d’Orléans ?

— Je t’en prie, répondit Pola qui se laissait prendre à l’intérêt de ce récit comme une enfant qu’elle était, dis-moi le nom de cette dame et le nom de ce cavalier.

— Devine.

— C’était la reine ?

— Tu vas voir…

— Et c’était M. de Cinq-Mars ?

— Non, car M. de Cinq-Mars galopait en ce moment de l’autre côté du mur, et ce fut M. de Cinq-Mars qui montra la brèche aux deux amoureux en leur criant :

— Entrez ! entrez ! sur votre vie !

Ils passèrent la brèche, et M. de Cinq-Mars poursuivit sa route à franc étrier.

Le roi était si près qu’on put l’entendre derrière les arbres disant à ses mousquetaires :

— Messieurs, qui est ce cavalier ?

M. le marquis de Rauzun, le cornette, répondit :

— Sire, aucun de nous ne l’a reconnu.

Et le roi piqua des deux en étouffant une exclamation de colère. Cette colère devait dresser plus tard un échafaud.