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Le carrosse avait toujours ses portières closes et ses rideaux hermétiquement croisés.

Le roi et son escorte passèrent tout près de là, mais ils ne le virent point.

Vers la même heure encore, un cavalier et une dame, causant tout bas, et comme des amoureux, allaient ensemble le long du mur qui sépare les coupes du roi du domaine de Rivière-le-Duc.

C’était une femme jeune encore et de belle taille, vêtue entièrement de noir. Le cavalier portait un galant costume de chasse, qui dessinait bien sa tournure gracieuse et fine. Il avait un manteau sur le bras.

Le jour baissait. Le cavalier et la dame avaient sans doute quelque chose à craindre, car ils s’arrêtaient souvent pour écouter, et leurs regards inquiets interrogeaient alors les alentours.

Tout à coup, ils tressaillirent ensemble, et le cavalier devint plus pâle qu’un mort, tandis que sa compagne se prit à trembler. Ils avaient entendu ensemble et au même moment le bruit déjà voisin d’une cavalcade.

— La chasse ! murmura la dame, cherchant déjà une issue pour fuir.

— Non, dit le gentilhomme d’une voix profondément altérée, ce n’est pas la chasse. Écoutez mieux.

Le pas des chevaux frappant la terre molle d’une route de traverse, était régulier et lourd.

La dame balbutia, chancelante et brisée qu’elle était déjà :

— Les mousquetaires !

Et le cavalier prononça tout bas le nom du roi.