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veuille que tu n’apprennes pas trop vite à le mieux connaître !

— Tu l’as toujours détesté.

— Quand mon père a bu un verre de vin, répliqua sentencieusement la fillette, il parle de l’assommer tout net !

Ce capricieux raisonnement ramena un sourire aux lèvres de mademoiselle de Pardaillan.

— Te souviens-tu maintenant d’un soir, reprit Mélise, nous étions déjà grandettes, nous trouvâmes sur le prie-Dieu de ta mère un parchemin qui contenait l’état des biens de votre maison. Tu étais comme le prince des contes de fées qui ignore le nombre de ses domaines, et chaque nom nouveau de ferme, de moulin, de manoir te faisait sourire.

— Je m’en souviens… après ?

— Te rappellerais-tu encore le nom de tes châteaux ?

— Quelques-uns, peut-être.

— Par exemple, le nom de Rivière-le-Duc, en Poissy, de l’autre côté de la forêt de Saint-Germain ?

— C’est une ferme ? demanda Pola qui devenait distraite.

— C’est un manoir… un rendez-vous de chasse plutôt. Il se passa là, voici un peu plus d’un an, l’automne de quarante et un, une histoire assez curieuse.

La main blanche de Pola pesa sur son épaule.

— Je t’en prie, petite sœur, dit-elle, parle-moi de ma mère.

— Il importe que tu connaisses mon histoire,