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ses paroles et dans ses actes. Elle parlait, Dieu merci, et agissait assez haut. Son dévouement valait celui de son père, quoiqu’il ne fût point de la même sorte. Mitraille était pour obéir, Mélise allait à sa fantaisie.

Et nous devons avouer une chose : quand ce coquin de Mitraille avait bu un verre de trop, ce qui lui arrivait bien encore quelquefois, il prenait volontiers les almanachs de Mélise.

Quand il était à jeun, au contraire, il la déclarait folle du meilleur de son cœur.

Aussi Mélise avait-elle, par rapport au vin, des opinions assez avancées. Elle n’en usait point pour elle-même, parce que son esprit bien portant n’avait pas besoin de ce remède, mais elle pensait que pour les hommes, créatures inférieures, le vin constituait une bonne portion du courage, de l’intelligence et de la sagesse.

Au nom de sa mère, Pola était devenue tout à coup sérieuse, et, malgré elle, son charmant visage avait pris une expression d’anxiété. Mélise, au lieu de parler, fixait sur elle un regard perçant.

— J’attends, dit Pola.

— Il y a des moments, murmura la fillette, où l’idée me vient que tu en sais plus long que nous tous.

— J’attends, répéta mademoiselle de Pardaillan.

— Eh bien ! fit Mélise qui secoua la richesse mutine de ses cheveux, entrons en matière, comme dit le sieur conseiller Renaud de Saint-Venant, qui est un habile clerc. Voilà trois jours