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Le soir de ce jour, dans l’oratoire de madame Éliane, toute la famille resta longtemps réunie. Il fallait bien que le More racontât ses étranges aventures, depuis l’heure où don Ramon l’avait racolé, demi-noyé qu’il était, pour le service de je ne sais quel prince d’Allemagne, jusqu’au moment où il avait coupé sa longue barbe mahométane pour prendre la place de l’homme embaumé dans l’alcôve.

Quand il eût achevé, madame Éliane mit les mains de Pola dans celles du chevalier, et Roger prit celles de Mélise, disant :

— Ma mère chérie, de votre gros péché de ce matin rien ne restera, sinon votre lettre qui nous ordonne d’être heureux.

L’histoire rapporte que tous les pèlerins languedociens, dauphinois et rouerguillons revinrent pour les fiançailles auxquelles le bon duc de Vendôme assista. Au dessert, il embrassa Mitraille qui le lui rendit bien ; ils étaient ivres tous deux jusqu’aux larmes.

— Ventre-saint-gris ! dit le bon duc, il y avait plus de Pardaillans entre Guezevern et son héritage, qu’il n’y a de Bourbons entre moi et la couronne. Coquin de Mitraille, je t’arme chevalier par provision, et nargue de la colique, paillard que tu es, afin que Tête-de-Bœuf ton maître ait du respect pour toi, je te ferai marquis quand je vais être roi de France !



FIN