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je l’avais vu quelque part ! Le More est Pol de Guezevern avec une barbe de mécréant, et Pol de Guezevern est le More à qui on a fait le poil ! Ce que tout cela veut dire, je n’en sais rien ; mais mettons toujours flamberge au vent, mes pigeons, et Pardaillan ! Pardaillan ! pour toujours !

Dans l’ombre du corridor, une douzaine d’épées sonnèrent en sautant hors du fourreau. Mélise se jeta au cou de son père.

Il y avait un grand malheur pour M. le lieutenant de roi. Il n’était plus ici le personnage principal. Le prestige qui l’environnait aux yeux des magistrats languedociens, dauphinois et rouerguillons était tombé à l’apparition de M. de Vendôme : l’oncle du roi !

La cour d’enquête ne comprenait peut-être pas très bien ce qui se passait ; mais outre que c’est un peu l’habitude des cours d’enquête, il y avait un fait dont l’évidence ne pouvait échapper à personne. On était venu dans cette chambre pour y constater la présence d’un cadavre, et le cadavre se trouvait être un gaillard très bien portant.

Sans M. le duc de Vendôme le coup de théâtre aurait manqué son effet en majeure partie, car personne ici ne connaissait Pol de Guezevern, sauf Mitraille, qui était suspect de partialité, madame Éliane, dont on n’aurait certes point invoqué le témoignage, et trois hommes : M. de Gondrin, Saint-Venant, Mathieu Barnabi, qui, selon toute vraisemblance, auraient refusé le leur ; mais M. de Vendôme, lui tout seul, valait tous les témoins du monde. Et M. de Vendôme avait parlé.