Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chose singulière et qui finit par épouvanter M. de Gondrin, l’enfant de France avait beau crier, personne ne faisait attention à lui. Tous les regards pétrifiés restaient en arrêt sur l’intérieur de l’alcôve comme si la tête de Méduse montrait là son masque stupéfiant.

Et en vérité, la comparaison n’est pas trop forte. La tête de Méduse n’eût point suffi peut-être à produire l’écrasant étonnement qui paralysait l’assemblée.

Il y avait là quelque chose de plus effrayant que la tête de Méduse.

Une main toucha par derrière l’épaule du lieutenant de roi, et une voix parla qui le fit frissonner jusque dans la moelle de ses os.

— Mort de moi ! dit cette voix qui avait l’accent bas-breton et qui lança rondement le juron favori de Pol de Guezevern, le feu est-il au logis ? Vous m’avez fait mal, monsieur mon cousin de Gondrin-Montespan. Pour éveiller les gens, il n’est pas besoin de frapper si fort !

Un murmure sourd courut comme un frisson dans l’auditoire, qui tremblait. Les mêmes mots se glaçaient sur toutes les lèvres pâles :

— Il a parlé ! le mort a parlé !

C’était une épouvante profonde. Chacun aurait voulu fuir. Les dents de M. le président à mortier claquaient comme une paire de castagnettes.

Le lieutenant de roi, blême aussi, mais gardant le front haut, se retourna enfin. Il vit le mort qui avait quitté sa couche et qui était debout derrière lui : un grand corps tout blanc avec un voile noir sur le visage.