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Madame Éliane avait ses deux mains livides qui pendaient jusqu’à terre. Sa tête venait en avant, courbée sur sa poitrine et demi-voilée par les masses de ses longs cheveux. L’aspect de toute sa personne éveillait une idée d’agonie. Elle ne répondit point.

Elle pensait pourtant. Elle espérait mourir de cette indicible angoisse qui lui torturait l’âme. Elle pensait : elle avait peur de ne pas mourir assez vite. Tout ce qui lui restait de sentiment se concentrait sur un seul fait, un bruit sourd et patient qui persistait au fond de l’alcôve. Éliane savait que ses enfants étaient là, et qu’ils essayaient d’ouvrir la porte ; ses bourreaux pouvaient frapper : son vrai supplice était la pensée de ses enfants.

M. le lieutenant de roi et son fidèle ami Renaud écoutaient aussi, depuis quelques secondes, mais non point la même chose. Leurs oreilles étaient tendues vers la porte extérieure par où entraient de lointaines clameurs. On eût dit un tumulte nouveau qui avait lieu en bas, vers le pont-levis.

Le baron de Gondrin agita sa main baignée de dentelles et dit à haute voix, et en s’adressant aux soudards postés dans le corridor :

— Messieurs, veillez et protégez la justice du roi !

Puis parlant à la cour d’enquête, et récitant évidemment une leçon apprise par cœur, il ajouta :

— Monsieur mon ami, le conseiller de Saint-Venant, qui a bien mérité du roi et de madame la régente, ainsi que maître Mathieu Barnabi, en dévoilant un mystère d’iniquité, vous dira le me-