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bruits qui venaient d’en bas et qui allaient sans cesse grossissant.

Elle avait peur, mais c’était chez elle un sentiment irraisonné ; dès qu’elle réfléchissait, elle cessait de craindre.

N’avait-elle pas un bouclier contre toute attaque ? un refuge contre toute misère ?

Elle se disait cela, et son pauvre cœur se gonflait à la pensée de ces liens adorés qu’elle allait volontairement briser.

Son fils ! ce beau, ce noble, ce hardi jeune homme au rire si franc et si doux ! Sa fille ! oh ! comme elle l’avait ardemment contemplée, cette nuit ! Jamais elle ne l’avait trouvée si belle ! Jamais l’âme de Pola n’avait parlé si tendrement dans ses grands yeux !

On l’eût entendue parfois, la mère désolée, balbutiant des paroles sans suite : prières et plaintes.

— Mon Dieu ! disait-elle, ayez pitié de moi ! Je les ai revus, tous deux, tous deux ensemble. Ils étaient là. J’ai eu leurs têtes chéries à la fois sur mon sein ! Peut-on en même temps être si heureuse et tant souffrir ! Mon Dieu ! mon Dieu ! ils sauront tout. J’ai bien voulu me confesser à eux morte. Vivante, je n’ai pas eu le courage d’humilier mon front de mère devant eux. Ma bouche n’aurait pas su prononcer ces terribles paroles : j’ai trompé ! j’ai menti… qu’ils apprennent la faute en même temps que l’expiation !

Elle s’interrompit, tandis qu’un sourire naissait parmi ses larmes.

— Ils me pardonneront ! murmura-t-elle. Ou plutôt ils ne comprendront même pas qu’on