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— Est-ce vrai qu’elle laissait son fils simple domestique chez M. de Vendôme ?

— Verra-t-on le mannequin du faux comte ?

— Lira-t-on toutes les fausses écritures qu’elle a signées ?

— Elle était fière, pourtant, la misérable femme !

— Elle était riche !

— Ah ! la justice de Dieu tarde, mais elle vient toujours !

Il fallut un souverain geste de M. le lieutenant de roi pour imposer silence à la foule. Le conseiller reprit :

— Vous verrez tout. L’enquête se fera au grand jour. La justice, en ces sortes d’occurrences, ne repousse aucun témoin : nobles, bourgeois et vilains seront admis à constater les crimes, faux et dols de la veuve de Guezevern, dite comtesse de Pardaillan.

Et en attendant, mes dignes amis, gardez le calme qui convient au rôle important que vous allez remplir en cette affaire. Le tribunal rogatoire va se constituer en la grande salle, sous la protection des gens du roi. Restez ici, soyez patients, votre attente ne sera point trompée.

Les derniers mots de cette harangue furent couverts par une sauvage et lointaine rumeur : c’était la foule du dehors ; tout un peuple de curieux qui n’avait pu trouver place sous les vestibules et qui s’agitait furieusement le long des glacis.

La foule du dedans désapprouva hautement cette manifestation et promit de faire bonne