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nant de roi et le conseiller s’arrêtèrent à la porte suivante, dans la serrure de laquelle Saint-Venant introduisit une clef. Il entra, suivi de son compagnon, et tous deux se trouvèrent dans la chambre à coucher de madame Éliane — la chambre du deuil. Ils s’étaient introduits par l’issue dérobée dont nous avons parlé déjà et qui s’ouvrait entre les deux lits, au fond de l’alcôve.

La lampe brûlait encore, mais elle était presque épuisée, et ses lueurs vacillantes communiquaient d’étranges mouvements aux objets. Ainsi, au moment où M. de Gondrin passait le seuil, il crut voir la draperie qui lui faisait face s’agiter et se refermer. Cette draperie séparait la chambre du deuil de la pièce d’entrée où Mélise avait amené d’abord don Estéban, le More.

La première pensée du lieutenant de roi fut qu’un homme venait de s’esquiver par cette issue. Il se retourna vers Saint-Venant, qui le suivait, pour lui exprimer cette crainte, mais Saint-Venant mit un doigt sur sa bouche.

— Madame Éliane est là, prononça-t-il très bas en montrant la cloison de l’oratoire. Elle est seule. Elle entendrait le moindre bruit.

M. de Gondrin garda le silence. Ses yeux étonnés firent à deux ou trois reprises le tour de cette chambre lugubre comme un tombeau, et un frisson parcourut ses veines.

— Où est le comte ? balbutia-t-il.

Son regard venait de tomber sur le lit de droite, qui était vide.

— Ici, répondit Saint-Venant, qui montra le lit de gauche.