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par mes yeux, quand j’aurai touché de mon doigt, je serai plus à mon aise.

— Vous verrez donc par vos yeux, monsieur mon ami, dit Saint-Venant, et vous toucherez de votre doigt. Marchons !

Ils montèrent. Quand ils eurent franchi la dernière marche de l’escalier et qu’ils furent arrivés à l’embouchure de la grande galerie, Saint-Venant serra vivement le bras du baron.

— Écoutez, dit-il, et voyez !

Un pas se faisait entendre à l’autre bout de la galerie et bientôt on put voir, aux premières lueurs de l’aube, une fière et svelte silhouette passer devant une croisée.

— Qu’est cela ? demanda le baron.

— Je ne sais, repartit Renaud. Il se passe cette nuit, au château, des choses que je ne peux point m’expliquer. Il faut se hâter et jouer serré. Venez, monsieur mon ami.

Ils profitèrent du moment où le chevalier Gaëtan tournait le dos dans sa promenade périodique et traversèrent la galerie à pas de loup, reprenant ensemble le chemin que le conseiller venait de parcourir tout seul.

Le conseiller s’arrêta dans l’une des chambres et battit le briquet. Une bougie allumée montra un lit, des sièges et une table où se trouvait tout ce qu’il faut pour écrire.

— Ceci était ma retraite, dit Renaud, au temps où j’étais l’ami de la maison. Veuillez prendre un siège, monsieur le baron. Il faut que nous ayons ici tous deux un entretien qui sera court, je l’espère, mais qui est indispensable. Voici votre place.