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La mémoire lui revint aussitôt. Ce parchemin avait coûté cent mille livres, en définitive. M. de Mazarin savait que le compétiteur de la comtesse de Pardaillan était M. de Gondrin, nommé lieutenant de roi sans sa participation et créature du duc de Beaufort, qui était sa bête noire. Il s’assit, libella un nouvel ordre, et le fit signer à la reine, après quoi, il envoya le parchemin scellé à la demeure de madame Éliane.

Le message arriva une heure ou deux après le départ de cette dernière. Elle avait laissé des ordres précis. Le parchemin lui fut expédié par exprès au château de Pardaillan.

— Seulement, respectée dame, poursuivit le conseiller de Saint-Venant, après lui avoir raconté tout cela, ou du moins ce qu’il en savait, rien n’entre au château de Pardaillan et rien n’en sort. M. de Gondrin a bien voulu me nommer généralissime du siège, et je vous jure que je fais bonne garde, non pour lui, mais pour moi… ou plutôt pour vous, car je ne séparerai vos intérêts des miens propres qu’à la dernière extrémité.

Je fais aussi un peu le blocus autour de M. le lieutenant de roi. Si l’ordre était tombé dans ses mains, tout était perdu. Il est tombé dans les miennes, et vous voyez que je l’apporte fidèlement. Grâce à ce bon office, j’espère que nous allons enfin nous entendre.

— Je vous ai déjà demandé, dit Éliane, le prix que vous exigiez ; je ne marchanderai pas.

— Tant mieux pour vous, belle dame, répliqua Renaud, car la nuit passe, et discuter serait dé-