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Jusqu’alors, madame Éliane avait écouté, immobile et muette. Ici, un éclair de courroux s’alluma dans ses beaux, yeux ; mais cet éclair s’éteignit dans ses larmes. Elle murmura :

— Mes enfants ! mes pauvres enfants !

— C’est juste, fit Renaud de Saint-Venant qui retrouva son méchant sourire, banni par la menace de ses dernières paroles. Ils sont deux maintenant… et nous allons parler tout à l’heure de mon filleul. Je ne sais pas si vous me croirez, madame, quand je vais vous dire que, malgré les apparences, je suis toujours resté votre sincère ami.

Éliane fit un geste d’horreur. Renaud répéta en appuyant sur les mots :

— Votre ami dévoué, votre seul ami, je vais vous le prouver. Il est en mon pouvoir de changer votre détresse en triomphe : je viens vous proposer le salut.

Cette ouverture ne releva point la paupière mouillée de madame Éliane. Elle connaissait Renaud de Saint-Venant. Celui-ci continua :

— Vous ne me croyez pas ? Je m’y attendais. Depuis quinze ans, votre malheur est de n’avoir point eu confiance en moi. J’espère, cependant, vous convaincre d’un mot : je vais vous remettre l’ordre de la reine.

La comtesse se leva toute droite. Elle tremblait, mais ses yeux ranimés brûlèrent.

— Sur ma foi, murmura Renaud qui la regarda étonné, vous êtes plus belle que votre fille, madame !

Il y avait un autre regard qui dévorait cette