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de Pola se tournaient le plus souvent quand ils cessaient d’interroger les fenêtres.

Et pourtant ce ne fut point la porte qui s’ouvrit. Au moment où Pola achevait son second couplet, elle s’interrompit en un petit cri de terreur. Une croisée avait grincé au premier étage derrière les branches, tout au bout du corps de logis dont la chambre à coucher de M. le duc formait le centre, un objet rose et blanc avait glissé le long de la vigne, ravageant les pauvres belles feuilles qui tombaient çà et là, comme si c’eût été déjà l’automne.

Puis l’objet était resté immobile, au pied du mur.

— Mélise ! s’écria Pola en s’élançant, folle que tu es ! es-tu blessée ?

L’objet blanc et rose se releva d’un bond. Ce n’était pas un maître Pol. C’était un lutin bizarre et charmant, qui restait bien un peu pâle de sa chute, mais qui déjà souriait et qui se prit à chanter gaillardement :

Le seigneur acheta Jeanne,
L’homme prit Anne ;
Berthe dit : Moi,
Landeriguette,
Landerigoy,
Il me faut bel apanage,
Et le blond page
Devint un roi,
Landerigoy,
Landeriguette !

— Es-tu blessée, Mélise ? répéta Pola.

Mélise lui planta sur le front un de ces baisers