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votre situation en deux mots : elle n’est pas avantageuse. Vous êtes bloquée dans ce château avec un soin minutieux, je vous prie de le croire. C’est moi qui ai pris toutes les mesures ; elles sont bien prises.

— Nous avons avec nous une armée d’archers, venus de Rodez, de Milhau, de Sainte-Affrique et de partout. Mon compère et ami, M. de Gondrin-Montespan, est le favori de M. de Beaufort, qui passe encore dans ce pays reculé, pour être le favori de madame la reine. Cela nous suffit amplement : on lui obéit comme au Messie. Je suppose bien que vous avez des intelligences au dehors, car vous êtes une femme très avisée, et j’ai rencontré cette nuit, après l’orage, trois cavaliers que j’ai cru reconnaître pour n’être point des amis de M. le baron, mais il faudrait des ailes à qui voudrait forcer notre blocus. Mort de moi ! comme disait ce pauvre beau Guezevern, nous avons un luxe de sentinelles à défier feu le chevalier Bayard, sans peur et sans reproche.

Vos trois amis, fussent-ils sorciers, seraient égorgés vingt fois avant de franchir nos lignes. Et quand ils les franchiraient par impossible, voyez la belle victoire ! Pourraient-ils vous protéger contre la force réunie à la loi ? car nous sommes la loi, bien-aimée dame. Il ne s’agit pas d’une attaque de soudards : nous avons avec nous un président à mortier, des conseillers, tous les baillis de la province, tous les sénéchaux, tous les prévôts, tous les gens tenant parlements et présidiaux, plus des procureurs, plus des avocats, plus des recors jurés, des huissiers, des archers —