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XIX

RENAUD DE SAINT-VENANT


Pendant que le More essayait de sonder les mystères de la chambre du deuil et trouvait au fond une énigme nouvelle, plus insoluble que toutes les autres énigmes posées en travers de son chemin depuis qu’il avait passé la frontière de France, madame Éliane oubliait, entre ses deux enfants chéris, les tristesses du présent, les menaces de l’avenir.

C’était une heure de répit, une heure de joie, la seule qu’elle eût savourée depuis qu’elle était comtesse de Pardaillan. À voir ce jeune homme si fier, si vaillant, si tendre, qui était son fils, cette enfant si douce et si belle, qui était sa fille, le cœur de la pauvre mère s’extasiait en une allégresse profonde. Elle vivait la minute présente avec une avidité passionnée, fermant volontairement les yeux, et rejetant à la fois hors de son esprit toutes les amertumes de la veille, toutes les angoisses du lendemain.

Elle n’accueillait qu’une seule pensée, la pen-