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n’accusez jamais votre mère ! Tout ce que votre mère a fait, c’était pour vous !

Le More eut un rire amer.

— Ses enfants ! murmura-t-il. Ses enfants ! Rien, rien pour l’amour de sa jeunesse ! Les enfants toujours, moi jamais !

Il s’interrompit et se demanda :

— Suis-je aussi jaloux de ses enfants, à présent ?

— Mère, dit Pola comme si elle eût arrêté une parole suspendue aux lèvres de madame Éliane, nous ne voulons pas que tu te justifies devant nous !

Estéban prêtait l’oreille, il attendait la voix de Roger.

Roger était chargé de savoir. C’était lui-même, le More, qui avait dit à Roger : « Rapportez-moi la vérité si vous voulez être heureux. »

La voix de Roger s’éleva :

— Madame, dit-il, ma mère adorée et respectée, si vous essayez de vous défendre, je vous fermerai la bouche avec mes baisers.

Les deux mains d’Estéban se tendirent, tremblantes vers la cloison.

— Bien, enfant ! murmura-t-il. Tu viens de parler comme un gentilhomme !

Pola s’écria :

— Mon frère, merci ! Oh ! comme je vais t’aimer !

Une larme coula sur la joue basanée du More.

Il se laissa tomber, faible, dans un fauteuil.

— Qu’ai-je fait ? pensa-t-il, tandis que sa main fiévreuse tourmentait son front. J’ai été dans le