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chanson qui ravivait tant de chers souvenirs.

Car c’était bien Pola qui chantait. Pola avait dû s’arrêter à moitié chemin de la chapelle, pour changer de route et se diriger vers le clos Pardaillan.

Et maintenant que nous regardons mieux, nous pourrons deviner sa frêle et gracieuse silhouette, là-bas, sous l’ombre épaisse des tilleuls. Pendant qu’elle chante, elle a le visage tourné vers l’hôtel de Vendôme, dont son regard brillant interroge les fenêtres closes.

Elle a déjà dit le premier couplet :

Nous étions trois demoiselles,
Toutes trois belles
Autant que moi,
Landeriguette,
Landerigoy !
Un cavalier pour chacune
Courait fortune
Auprès du roi,
Landerigoy,
Landeriguette !

Était-ce un signal comme autrefois ? Un blond maître Pol allait-il sauter des croisées ou entrer par la porte ?

C’était l’heure propice et Pola avait ses quinze ans. Le monde a beau vieillir, chaque année revient le printemps d’amour, et les tendres rendez-vous ne chôment jamais, partout où il y a des fleurs, de l’ombre et de la jeunesse.

Mais s’il vous en souvient, maître Pol se faisait attendre autrefois. Éliane était forcée non seulement de chanter tous les couplets de la chanson,