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église et franchit une haie qui le mit en plein champ. Une seconde haie franchie le lança dans une large route de chasse, percée à travers les futaies de Pardaillan. La route montait le mamelon, situé derrière le château.

La course continua pendant un quart d’heure. Gaëtan et Roger se demandaient :

— Où nous mène-t-on si loin ?

Le bois s’épaississait, le terrain commençait à redescendre, nos deux jeunes gens pensaient avoir traversé toute la profondeur du mamelon, lorsqu’un son de cloche très voisin vint frapper leurs oreilles. Gaëtan et Roger reconnurent parfaitement le timbre rauque du beffroi de Pardaillan, sonnant le quart après une heure.

Estéban s’était arrêté court.

— Pied à terre ! ordonna-t-il.

Les deux jeunes gens firent halte et descendirent. Pendant qu’ils attachaient leurs chevaux à deux arbres, le More caressait Keïs qu’il lança, libre, sous la futaie, après lui avoir dit :

— Attends-moi !

— Sommes-nous arrivés ? demanda Roger en faisant un pas vers une sorte de haie très basse, qui semblait fermer la route.

La main du More l’arrêta brusquement.

— De ce côté-là, dit-il en riant, on n’arrive pas, on tombe.

Il fit approcher Roger avec précaution de ce qui semblait être une haie, et lui montra par-dessus un ourlet rocheux, couvert de quelques touffes de bruyères, un précipice au delà duquel le château de Pardaillan dessinait sa masse carrée.