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rent, agitées, puis s’écartèrent, et Keïs, bondissant, vint mettre ses naseau auprès du visage de son maître, qui sauta sur son dos. Dès que les deux autres furent en selle, le More commanda : « Au galop ! »

Et il prit la tête, guidant ses deux compagnons.

Ce brusque départ détermina un mouvement parmi les sentinelles qui se rapprochèrent du pont comme pour en défendre l’entrée. Mais ce n’était qu’une vaine alerte, le pas des chevaux allait rapidement s’éloignant.

Le More prit d’abord sa route à travers les champs détrempés par l’orage. Il atteignit en quelques minutes le village de Pardaillan, dont il traversa l’unique rue au galop. Au moment où la petite troupe dépassait les dernières maisons comme un tourbillon, un homme, enveloppé dans un manteau de couleur sombre, sortit du moins pauvre logis qui fût en ce hameau et, surpris par le passage des cavaliers, essaya de se dissimuler dans un enfoncement de muraille.

— Bonsoir, monsieur le conseiller, dit le More sans ralentir sa course.

Et les deux autres répétèrent :

— Monsieur le conseiller, bonsoir !

Renaud de Saint-Venant, c’était lui qui sortait à cette heure indue pour des affaires que nous saurons bientôt, ne reconnut point Estéban ni ses deux suivants, mais il ressentit entre les deux épaules comme un arrière-goût des magnifiques plats d’épée reçus dans la maison en construction le soir de la lanterne magique.

Au sortir du village, Estéban tourna la petite