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core plus encombrée que le vestibule ; le feu mourant y jetait quelques lueurs.

Une voix de soudard cria dans l’ombre :

— Qui vive !

— Mort de moi ! répondit Estéban rondement et sans contenir sa voix, cuve ton vin, mon camarade, l’orage est fini, et j’aime mieux dormir sur l’herbe mouillée que dans la peste de ce trou.

L’archer se retourna sur sa paille en grommelant :

— La peste ! Le fait est que nous ne flairons pas la rose, ici…

Et il ronfla.

Nos trois compagnons étaient dehors. La solitude régnait aux abords du tourne-bride, mais le long des murs du château on pouvait voir la ligne des sentinelles. La maison de la comtesse de Pardaillan était littéralement assiégée.

— Allons-nous attaquer ces hommes ? demanda Roger.

— Nous attaquerons quand il le faudra, répondit le More. Ce n’est pas encore l’heure de l’épée. Savez-vous où trouver vos chevaux ?

— Nos chevaux ! répétèrent les deux jeunes gens avec étonnement. N’allons-nous point où est madame Éliane ?

— Si fait, mes fils, répliqua Estéban, mais le chemin est plus long que vous ne croyez, et l’heure presse.

Gaëtan et Roger se mirent à chercher parmi les chevaux attachés autour du cabaret. Le More siffla doucement et d’une façon que nous eussions reconnue. Les branches d’un taillis voisin brui-