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Ils montèrent l’échelle.

Arrivée aux dernières marches, la Margou s’arrêta comme si elle avait eu frayeur d’aller plus loin. Elle tendit la lampe à Roger, disant :

— N’essayez point d’ouvrir les rideaux ; l’aïeul revient dans l’alcôve. Restez au coin du feu et dormez tranquille. Bonne nuit !

Elle se signa et descendit plus vite qu’elle n’était montée.

Roger pensait :

— L’aïeul et moi nous n’avons rien à démêler ensemble, mais, jusqu’au dernier moment, j’ai cru que je rencontrerais ce beau garçon de chevalier sur les traces de ma petite Mélise…

Il n’acheva pas et resta bouche béante. Son pied avait poussé la porte vermoulue. Au fond de la chambre, éclairée maintenant par les deux lampes, il apercevait la silhouette de Gaëtan qui lui tournait le dos et battait son pourpoint avec force.

Il lâcha un juron si énergique que Gaëtan tressaillit et se retourna.

Leurs regards se croisèrent, irrités, puis la même idée leur vint, et ils éclatèrent de rire.

— Pardieu ! dit Gaëtan, vous avez aussi besoin d’être épousseté !

— Et c’est pitié, ajouta Roger, de voir un gentilhomme se rendre à lui-même ce service… je vais vous aider, monsieur le chevalier.

— À charge de revanche, monsieur Roger ; j’accepte de tout mon cœur.

Roger avait déjà déposé sa lampe, Gaëtan jeta son pourpoint. Les épées brillèrent et glissèrent