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— Je ne sais pas ce que je ferai ; non, je n’en sais pas le premier mot, mais je la sauverai ou je donnerai ma vie pour elle.

En ce moment, deux étages au-dessous, sur le dernier degré de l’échelle, le gros pied de Margou Chailhou, mère de Cathou, se posait. Elle tenait à la main comme sa fille une petite lampe de fer, et derrière elle venait un jeune gentilhomme qu’on aurait pu prendre pour Gaëtan lui-même, tant ses habits étaient pareillement saturés de poussière.

— À la douceur, monsieur Roger, à la douceur ! disait la Margou, ne faites point de bruit, je vous prie. Sans la pluie qui tombe, je vous aurais mis coucher dehors. Mais autant vaudrait jeter un jeune homme dans le Tarn, n’est-ce pas vrai ? Je ne serais pas blanche si mon mari et ma fille savaient que j’ai fait monter quelqu’un dans la chambre de l’aïeul !

— Mélise n’a rien dit pour moi ? demanda le page.

— Rien, monsieur Roger. Elle était bien pâle et bien abattue, le pauvre trésor. Et tout cela va mal finir, je vous en réponds.

— Savoir ! répliqua Roger. À quelle heure ces coquins de robins entreront-ils en besogne ?

— À la première heure.

— Alors, Margou, ma bonne, que je sois éveillé avant le lever du soleil.

— Que voulez-vous faire seul contre tous, pauvre bijou ? soupira la vieille.

— Je veux être pendu si j’en sais quelque chose, maman, répondit le page ; mais la nuit porte conseil, et d’ailleurs, nous verrons bien !