Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sorte d’emphase : on ne cause pas dans la chambre de l’aïeul !

Elle déposa la petite lampe sur la cheminée et montra du doigt le toit d’abord, où crépitait une averse de grêle, et une étroite lucarne par où venait d’entrer un brillant éclair.

— Écoutez ! prononça-t-elle si bas que Gaëtan eut peine à l’entendre.

Un coup de tonnerre éclata, prolongeant au loin ses échos.

La Cathou approcha sa bouche de l’oreille du chevalier et ajouta :

— Si je n’avais pas prévu l’orage, vous auriez couché à la belle étoile. Mettez-vous là et dormez.

Elle sortit sans ajouter une parole.

Gaëtan, s’il faut l’avouer, fit peu d’attention à ce mystère. Il était brave et il en avait vu bien d’autres. Sa pensée était d’ailleurs tout entière au drame dont le dénouement devait avoir lieu le lendemain.

Il y avait longtemps déjà que ce drame tournait autour de lui. Dans ce pays même où il revenait après quelques mois d’absence, ce drame couvait jadis comme un feu sous la cendre. Il avait ouï conter d’étranges choses dans les chaumières où il cachait alors sa vie proscrite.

Dans ce pays, une vision charmante lui était apparue. Il avait aimé, et l’objet de son romanesque amour était la fille de l’héroïne du drame.

Pour la suivre, sa vision si chère, il avait bravé les dangers de Paris, et à Paris même il avait croisé le fer avec M. le baron de Gondrin, parce que M. le baron de Gondrin mettait en scène,