Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bras de l’étreinte de Mélise, cherchez, je vous prie, votre père et le page Roger ; qu’ils viennent m’attendre à ma sortie du Palais-Royal.

Elle voulut s’éloigner, Mélise s’attacha à ses vêtements en criant :

— Pola ! Pola ! viens à mon secours !

— Débarrasser-moi de cette enfant, qui est folle ! ordonna Éliane avec colère.

— Ma mère, dit tout bas Pola, Mélise nous aime. Elle n’est pas folle.

L’un des deux hommes avait saisi Mélise. La comtesse entraîna elle-même sa fille et la fit monter dans le carrosse qui stationnait à la porte de l’hôtel de Vendôme.

Aussitôt qu’elles furent dans le carrosse, deux volets subitement relevés aveuglèrent les portières qui furent fermées du dehors à la clef.

L’effroi ne vint pas tout de suite à madame Éliane qui ordonna :

— Tournez á gauche ! nous allons au Palais-Royal. Le carrosse tourna à droite et prit le grand galop sur la direction de la porte Saint-Honoré.

— Mais ce n’est pas le chemin ! cria la comtesse enfin épouvantée.

Personne ne lui répondit et le carrosse continua sa course rapide.

Vers cette même heure, le jour essayait d’entrer dans la chambre à coucher de la reine-régente à travers les épais rideaux. Anne d’Autriche dormait encore, appuyant sa joue fraîche et un peu bouffie sur les dentelles de son oreiller. La tête futée de Minette, la petite chatte pie, sortait à demi des couvertures.