Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

maître Pol et sa haine contre le bon Renaud de Saint-Venant. Il se souvenait de la mission fantastique que ce dernier lui avait donnée, près de M. le commandeur de Jars et de l’arrestation qui s’en était suivie. Le motif de ce mauvais tour était resté pour lui un mystère, mais sa rancune avait grandi en même temps que la fortune de Saint-Venant, qui était maintenant un personnage d’importance.

L’affection de Mitraille pour la famille de Pardaillan avait grandi aussi, et ce n’était pas sans motif. Bien que Mitraille fût loin d’être un Don Juan, il lui était arrivé d’avoir une intrigue galante avec une jeune personne qui n’avait point tabouret chez la reine. Cette jeune personne était un peu de race sauvage et vagabonde ; elle s’en alla un beau jour en lui faisant cadeau d’une charmante petite fille qui avait déjà des yeux de diablesse ou de bohémienne. Je ne sais pas ce que ce coquin de Mitraille fût devenu, en se voyant à la tête d’une pareille propriété, si madame Éliane, qui venait de mettre Pola au monde, n’eût prit Mélise au château de Pardaillan.

L’enfant de Mitraille et de la sauvage avait nom Mélise.

C’était maintenant une adorable jeune fille, dont Mitraille était fier plus que nous ne saurions le dire.

À cause d’elle il se serait fait hacher menu comme chair à pâté, pour son ancien compagnon maître Pol, comte de Pardaillan, si misérable dans sa haute fortune, pour madame la comtesse