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nées étaient alors infestées de bandits. Le marquis refusa, trouvant la mine de l’étranger suspecte et lui ordonna péremptoirement de chevaucher au large. L’homme au burnous blanc disparut.

Entre Roncevaux et Fontarabie, le marquis et sa suite furent attaqués par une bande de trabucaires déguisés en contrebandiers. Le marquis avait avec lui cinq hommes bien armés, les faux contrebandiers étaient neuf. Il y eut combat acharné. Quatre bandits tombèrent ; le marquis et trois de ses serviteurs furent blessés ; les deux autres jetèrent leurs épées. On les dépouilla, on les garrotta et on les laissa au beau milieu du chemin, en compagnie de quatre cadavres. Les bandits survivants s’éloignèrent avec les chevaux.

C’était un défilé étroit et long qui descendait en ligne droite vers Roncevaux. Pendant trois grandes minutes, le marquis put suivre de l’œil ses vainqueurs, dont quelques-uns étaient blessés, mais qui s’en allaient gaiement, au trot de ses propres montures, chargées de butin. Le page et le bachelier avouaient que M. le marquis jurait à dire d’expert, la duègne prétendait qu’il faisait des signes de croix en disant ses patenôtres.

Quoi qu’il en soit de cette divergence d’opinions, la duègne, le bachelier et le page s’accordaient à confesser que M. le marquis était dans ses petits souliers.

Tout à coup, au moment où les trabucaires arrivaient au bout du défilé et allaient disparaître derrière le coude de la montagne, les derniers