Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rée, méritait bien un peu son titre d’effrontée ; elle eût même été capable de s’en parer, comme son brave père s’appelait lui-même avec plaisir : ce coquin de Mitraille. Elle savait un peu trop pour une jeune fille ; elle aimait trop à savoir surtout, et faisait des choses que les jeunes filles ne font point d’ordinaire.

Nonobstant quoi, vous auriez tort d’éviter, sur votre chemin, des effrontées comme elle ou des coquins comme ce pauvre bon Mitraille.

Mélise avait trois personnes à joindre, ce matin ; deux de ces personnes logeaient à l’Image-Saint-Pancrace, à savoir : don Estéban et le chevalier Gaëtan de Saint-Preuil ; Roger, qui était la troisième personne, habitait depuis quelques jours l’hôtel de Vendôme, et Mélise croyait savoir où le prendre.

Pour preuve de la science trop développée de Mélise, nous dirons qu’elle en connaissait plus long que les trois quarts et demi des plus raffinés nouvellistes sur ce personnage mystérieux qu’on appelait « le More. »

Nous ajouterons que les nouvellistes avaient fait pourtant et faisaient encore tout ce qui est humainement possible pour avoir des renseignements complets.

Mais cette petite Mélise avait le diable au corps. Elle interrogeait son père et tirait de lui, à l’aide de ces déductions subtiles qui sont le privilège de la femme, bien plus que le bon capitaine n’aurait pu s’en dire à lui-même ; elle cherchait, elle furetait, elle se ménageait des intelligences dans tous les coins. Rien ne lui échappait.