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je veux le croire, d’un grand scandale qui eut lieu hier au matin, dans ce vénérable asile. Un homme d’épée escalada le mur du couvent pour la voir…

— Un homme d’épée ! répéta la comtesse qui regarda Pola.

Pola souriait et rougissait.

— Tu m’expliqueras cela, ma fille, reprit madame Éliane. Je suis venue te chercher.

Pola sauta de joie et se jeta à son cou.

— Comment ! comment ! se récria dame Honorée, la chercher ! comme cela ! tout de suite ! et sans me prévenir !

— Puisque vous désiriez vous-même son départ, madame ma tante, voulut dire Eliane.

— Ma fille, riposta la béguine, il me paraît que votre position opulente vous a donné bien de l’orgueil. Je suis la tante de votre mari, madame la comtesse, et je suis Pardaillan, d’où vous vient toute votre richesse. Ne me coupez pas la parole, je vous y engage. De mon temps, cela n’était point poli. S’il vous convient de reprendre votre fille, je suppose que je n’aurai point donné lieu à cela par aucun motif de plainte. Il court des bruits bien singuliers, madame ma nièce, Dieu soit loué, je me détache tous les jours un peu plus des choses de la terre. Trop parler nuit, dit-on, et j’ai coutume de tourner sept fois ma langue avant d’ouvrir la bouche. Le monde se trompe peut-être, bien qu’il n’y ait pas de fumée sans feu. Vous me trouverez toujours, vous et les vôtres, quand vous aurez besoin de moi.

Cette fois, elle fut obligée de respirer, d’autant qu’elle s’était attendrie elle-même en parlant, nul