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point du jour, la vieille servante de la béguine avait été éveillée en sursaut par le marteau de la porte. C’était madame Éliane qui, après une nuit de fièvre, de fièvre joyeuse, car la parole de la reine avait changé son désespoir en allégresse, venait chercher sa fille. Quand dame Honorée, prévenue, descendit quatre à quatre les degrés de sa chambre, elle trouva déjà Éliane et Pola dans les bras l’une de l’autre.

C’était une excellente femme, nous le savons ; elle éprouva, en revoyant sa nièce, un plaisir sans mélange, d’autant mieux qu’elle se flatta de connaître enfin les mystères de ce château de Pardaillan, qui l’intriguait depuis des années, mais elle avait été frappée si violemment par l’aventure de la veille, qu’il lui fallut en parler tout de suite.

— Je suis contente de vous voir, madame la comtesse, dit-elle, surtout de vous voir en bonne santé. Dieu merci, les chagrins dont vous m’avez entretenue dans vos lettres ne vous ont point fait maigrir. Tu es fraîche comme une rose, mignonne ; embrasse-moi encore. J’ai été satisfaite de Pola. Un peu distraite à la chapelle… et courant après une effrontée du nom de Mélise, que vous avez eu le tort de traiter trop familièrement là-bas, au château, à ce qu’il paraît. Vous êtes toujours jeune, comtesse, et très belle ! Cette Mélise ne peut donner à notre chère enfant que de mauvais conseils ; et l’histoire d’hier, j’en suis certaine, ne lui est pas étrangère. Ah ! quelle aventure ! quel scandale ! quel malheur !

— Madame ma tante… dit Éliane, essayant