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mêla : son beau-pêre et sa belle mère, le sieur et la dame Cotignon, donnaient aussi leur avis, et qui n’était pas tendre. Vous figurez-vous tous ces Cotignon grondant la reine de France et la reine de France leur répondant l’oreille basse. Bien basse, puisque le beau-père Cotignon lui dit un jour, comme un oncle bourru de comédie pourrait parler à sa nièce Fanchon : « Bran ! vous êtes toutes bâties comme cela ; quand vous voulez vous jeter à l’eau, il faut vous laisser noyer ! »

Dans l’arrière-boutique des rois se passe-t-il donc de si bourgeoises bouffonneries ?

Et de nos jours, après tout, Daumier a-t-il eu historiquement raison de déguiser Agamemnon en pompier ?

— Veuillez prendre un siège, madame la comtesse de Pardaillan, dit la reine, après une minute d’attente, pendant laquelle M. de Mazarin lui avait parlé tout bas.

Éliane obéit aussitôt.

La reine reprit avec bonté :

— Je n’ai qu’un orgueil, madame, c’est de posséder la mémoire du cœur. Expliquez-moi clairement ce que vous désirez de moi.

Éliane joignit les mains dans un élan de reconnaissance, et balbutia d’ardentes actions de grâces ; puis, affermissant son courage par un effort puissant de volonté, elle se recueillit en elle-même et parla ainsi, d’une voix respectueuse, mais assurée :

— Je viens d’abord me confesser à la reine. Ensuite, je viens lui demander son secours.

Sans autre préambule, la comtesse de Pardail-