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présent comte de Pardaillan, incapable de porter son titre et de gérer son avoir.

Ici commença le rôle du conseiller Renaud de Saint-Venant.

Ce galant homme, rompant vaillamment en visière à son ancien ami et associé le baron de Gondrin, enterra dans les archives de la Grand’Chambre les trois requêtes par son influence personnelle.

Il était habile et avait beaucoup d’argent à sa disposition. Il intéressa ses collègues à la situation si vraiment malheureuse du comte, dans un discours fort éloquent, et les enthousiasma au récit du dévouement romain de la comtesse.

Il importe au lecteur de connaître le dernier argument, la péroraison de sa harangue.

Après avoir exalté la piété de cette jeune femme, si belle, enterrée vivante et donnant toutes les heures de son existence à l’abnégation conjugale, Renaud s’exprima ainsi :

« D’ailleurs, l’accusation criminelle manque de base, autant que l’action civile manquerait d’intérêt. La mort ne s’est point arrêtée après avoir frayé ce triste chemin qui a conduit Paul de Guezevern à la fortune : son fils unique, mon filleul, Renaud de Guezevern-Pardaillan, est mort, selon toute apparence ; une main coupable, une main perfide l’a soustrait à l’amour de ses trop infortunés parents.

« Ils n’ont plus qu’une fille au berceau, et au décès du présent comte les collatéraux avides pourront fondre sur cet héritage, qui semble porter malheur. »