À la vue de M. de Gondrin qui venait à lui d’un air irrité, il dit avec découragement :
— Voici bien le restant de nos écus ! Un malheur n’arrive jamais seul ! Monsieur mon ami, vous pouvez m’accabler si vous voulez, je ne résisterai point. J’eus quelques torts envers vous, cela est vrai ; mais qu’y faire ? Le bien de Pardaillan ne sera désormais ni pour vous ni pour moi. Il y a un diable qui veille sur ce trésor, monsieur mon ami, et je jure mes grands dieux que je n’y ai plus prétention aucune. Chat échaudé craint l’eau froide. Dites-moi tout de suite que je suis un malheureux, et laissez-moi à mes remèdes.
M. le baron de Gondrin prit un siège et croisa ses jambes l’une sur l’autre.
— Laissez-nous, dit-il au valet.
Celui-ci interrogea son maître du regard.
— Je suppose, prononça Saint-Venant avec résignation, que M. le baron n’assassinera pas un homme incapable de se défendre. Souvenez-vous de ces paroles, Picard, et laissez-nous, puisque M. le baron l’exige.
Le valet se retira.
— Savez-vous, dit le baron aussitôt que Picard eut refermé la porte, savez-vous que vous êtes un très habile garçon, Saint-Venant, mon cher ami ? Je me doutais bien de quelque chose, mais morbleu ! vous avez mené bellement votre barque et il n’y avait aucun côté par où on pût vous attaquer. Touchez là, mon compagnon, vous avez, pardieu ! mon estime.
Il tendit la main au conseiller qui la toucha avec défiance, en murmurant :