Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mérita jamais cette injure. Guezevern n’est pour rien dans le tort qui vous a été fait.

— Comment ! se récria Gondrin qui sauta sur ses pieds.

Le More lui ferma la bouche d’un geste.

— Je vais vous en donner la preuve, prononça-t-il froidement. Il y a quinze ans passés que Guezevern est mort.

Le baron recula de plusieurs pas.

— Ah ! fit-il. Mort ! Guezevern ! alors il n’y a pas de comte de Pardaillan ! cette femme est veuve ! cette femme n’a aucun droit ! cette femme a trompé le roi, la reine, la justice, le monde entier !

Le More s’inclina silencieusement.

— J’ai vu nombre d’écrits signés : le comte de Pardaillan ! objecta Gondrin qui doutait.

Don Estéban sourit.

— Du vivant même de son mari, dit-il, c’était elle qui écrivait tout, qui signait tout… Ah ! ajouta-t-il avec une singulière expression d’amertume, Pol de Guezevern avait en elle une grande confiance, et Pol de Guezevern avait pour elle un grand amour.

Il passa le revers de sa main sur son front.

— Et comment ce Guezevern est-il mort ? demanda Gondrin.

— Noyé dans la rivière de Seine.

— Vous le savez de science certaine ?

— Je l’ai vu… comme l’ont vu vos anciens amis, le conseiller de Saint-Venant et maître Mathieu Barnabi.

— Ceux-là m’ont trahi, je le savais. Où prendre la preuve de ce que vous avancez ?