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naient aux privés de la reine. Et certes, ils ne parlaient point d’amour, tous deux.

La comtesse Éliane marchait, le cœur oppressé par l’espoir et par la crainte. Le cardinal lui montrait le chemin, disant :

— Madame, gardez-vous de faire mention, devant Sa Majesté, des cent mille livres que j’ai acceptées de vous, pour elle. L’or n’est rien pour moi. Je méprise, Dieu merci ! les richesses, comme il appartient à ma robe et à mon caractère. Il ne faut point, madame, se targuer, vis-à-vis des personnes royales, des services qu’on peut être assez heureux pour leur rendre.

Éliane, qui avait écouté docilement, répondit :

— Votre Éminence peut être tranquille, je serai muette.

— Ces conseils, reprit M. de Mazarin, vous sont donnés par moi dans votre intérêt. J’ai gardé pour ma part et je garderai toujours souvenir de ce qui se passa au manoir de Rivière-le-Duc, et j’en ai bien souvent parlé à Sa Majesté. Ne vous étonnez point, madame, si je ne remets point, devant vous, la cédule de cent mille livres à la reine. Dans votre intérêt même, je dois ménager sa fierté. Je suppose que vous me comprenez ?

— Je comprends parfaitement Votre Éminence, répondit Éliane, et je la remercie des précautions qu’elle veut bien prendre pour assurer le succès de ma démarche.

Ils arrivaient devant une petite porte où le cardinal frappa d’une certaine façon qui devait être convenue. La porte s’ouvrit aussitôt, et une femme parlant dans l’ombre dit :