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une sorte de violence. La comtesse Colombine n’est pas Artémise, mais Messaline. La voilà ! et qui sait ce qu’elle a fait de son mari. Est-il vivant ? Est-il mort ?

Par le ciel ! cette coupable comtesse Colombine dansant une seguedille avec son abbé Mezzetin, n’avait point l’air de se préoccuper beaucoup de ces questions indiscrètes. Elle y allait, en vérité, de tout son cœur.

Aux derniers mots du montreur, et pendant que le petit roi riait sans y entendre autrement malice, tous les regards à la fois se tournèrent vers madame de Pardaillan et le cardinal, Colombine et Mezzetin, comme le fit observer franchement M. de Vendôme.

Ce fut un coup de théâtre : Colombine et Mezzetin avaient disparu.

— Bravo ! dit entre haut et bas M. de Gondrin, qui jouait une gigue sur sa vielle à tour de bras.

Le faux Lucas Barnèse l’entendit et tourna les yeux vers l’endroit où madame de Pardaillan et le cardinal s’asseyaient naguère.

Quand il vit les places vides, le rond lumineux qui servait de théâtre à ses fantastiques acteurs resta désert, parce que ses deux bras étaient tombés le long de son flanc.

Un râle profond siffla dans sa gorge.

— Éclipse totale, dit le duc de Vendôme ; sur la scène et dans la salle en même temps ! Ni Mazarin, ni Mezzetin ! Ni comtesse de Pardaillan, ni comtesse Colombine !

— Qu’est-ce que tout cela ? demanda le petit roi.