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drin, est-ce que tu prends le chaud mal ? Tout cela est folie et mène droit au gibet !

Mais la noble foule applaudissait et le petit roi battait des mains.

Le More darda un regard aigu vers le coin de la salle où M. de Mazarin et la belle comtesse de Pardaillan s’entretenaient. On eût dit, en vérité, que c’était pour cette dernière, et pour elle seulement, qu’il jouait cette bizarre comédie.

— Voici, reprit-il encore, un coin de cette fameuse forêt de Brocéliande, à cinq lieues de Paris, sur le chemin de Normandie. Voyez, je vous prie, les beaux arbres couverts de fruits, de fleurs, de singes et de perroquets. La comtesse Colombine s’y promène toute seule, meilleure épouse qu’Artémise, puisqu’au lieu de boire son mari dans de l’eau sucrée, elle le tient au fond d’une boîte, le malheureux étant devenu fou pour avoir fait un trop gros héritage.

— Ventre-saint-gris ! dit le duc de Vendôme, ceci ressemble à l’histoire de Tête-de-Bœuf, mon intendant bas-breton qui m’avait donné ce bon remède dont je manquai mourir !

Gondrin dressait l’oreille ; les courtisans riaient parce que cette mélancolique comtesse Colombine accomplissait sa promenade solitaire au milieu de matassins qui dansaient une farandole échevelée.

La comtesse de Pardaillan était en train de dire au cardinal :

— J’ai sur moi une cédule de cent mille livres, payable chez M. le surintendant de la finance du roi.