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roi et les chaises de ses deux voisins, le fauteuil de la reine restant vide. Les princes s’assirent au second rang.

Tout au bout du troisième rang et restant à portée du regard des deux Bergamasques, parce que nul n’avait été s’asseoir si loin, M. le cardinal de Mazarin et la comtesse de Pardaillan prirent place. Immédiatement auprès d’eux se trouvait une porte qui communiquait avec les appartements privés de la reine.

Il s’était écoulé environ dix minutes depuis que l’œil du More avait quitté le trou de la serrure. Il avait employé ce temps à un singulier travail. Étalant devant lui les diverses lames de verre contenues dans les tiroirs de la boîte, il avait fait un choix rapide, changeant l’ordre des tableaux et brisant même certaines lames pour n’en prendre qu’une portion. À toutes les demandes de Mitraille, il avait opposé le silence.

De quoi Mitraille s’était consolé en vidant sa cruche.

Le More suivait une idée en opérant ce triage parmi les tableaux de la lanterne magique. Il avait assisté, lui aussi, à la représentation de la Pomme d’Amour.

Le baron de Gondrin, reprenant son rôle d’impresario, lui frappa sur l’épaule, disant :

— Bonhomme, le roi permet que vous commenciez.

— Il faudrait quelqu’un, répondit le More, pour tenir la vielle. Mon frère est blessé.

Il montra le mouchoir sanglant qui entourait le poignet de Mitraille.