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Il était là, mais il ne comptait point. M. de Vendôme lui lançait des lardons et madame de Chevreuse l’appelait « le petit Mazarin. »

Il causait, en dehors du cercle, avec une femme très belle, il est vrai, mais simplement tolérée comme lui et que madame d’Hautefort avait amenée par grâce ; une comtesse de province qui avait fait parler d’elle sous le feu roi ; la femme d’un intendant devenu grand seigneur dans un coin reculé des Cévennes : madame la comtesse de Pardaillan…

La conversation languissait. La reine avait étouffé déjà deux ou trois jolis bâillements et lancé plus d’un regard, derrière son éventail, à cet homme dédaigné, le petit cardinal, qui se faisait modeste en dehors du cercle. Un instant, on aval parlé ici comme à la taverne de la Pomme d’amour de l’aventure récente : l’introduction d’un étranger au couvent des Capucines. M. le maréchal de la Meilleray, qui était à Paris pour faire sa cour, avait promis d’avoir raison de cet acte audacieux, non-seulement à cause de madame la supérieure des Capucines qui était sa cousine germaine, mais encore pour un motif à lui personnel ; 1 intrus était son mortel ennemi le jeune Gaëtan de Saint-Preuil dont il avait tué juridiquement le père.

Tout à coup, le petit roi demanda :

— Quand donc verra-t-on le diable et ses cornes ?

— S’il plaît à Votre Majesté, répondit le duc de Beaufort, M. de Gondrin-Montespan, que j’aperçois là-bas, va lui donner à ce sujet de meilleurs renseignements que moi.

Il fit un signe, et un gentilhomme à cheveux