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Mais il y avait à Paris un petit abbé, méchant comme un démon, assez mal bâti, plus brave que l’épée, galant, généreux, magnifique, très grand seigneur par sa naissance, très dangereux par son caractère, qui se nommait J.-F. Paul de Gondi.

Ce petit abbé qui ne craignait Dieu ni diable, et qui devait être un jour le cardinal de Retz, disait déjà et même écrivait que l’éloignement de la reine pour M. de Mazarin le faisait rire.

Il était myope, ce petit abbé, myope à prendre, dans la rue, le papa Broussel pour M. de Bassompierre, mais sa malice avait des yeux de lynx.

Un matin du mois de juillet, en l’année 1643, nous nous retrouvons donc au lieu même où commence notre récit, dans ce Clos-Pardaillan, fleuri et embaumé, qui était le jardin privé de dame Honorée.

Les événements avaient eu beau marcher, dame Honorée restait la même : une excellente béguine fort occupée de son salut, mais ne dédaignant pas d’écouter les cancans de ce monde.

Or, il y avait un cancan, plus qu’un cancan, une rumeur ayant trait à des personnes qui la touchaient de très près, et cette rumeur couvrait un mystère que jamais elle n’avait pu sonder.

Il s’agissait de notre ami Pol de Guezevern ; M. le comte de Pardaillan, confiné depuis quinze longues années dans son château du Rouergue. Dame Honorée n’avait jamais revu son neveu, à dater de cette soirée où M. de Vendôme l’avait marié en le faisant son intendant, mais pendant que maître Pol gérait les domaines du bon duc, dame Honorée avait fréquemment de ses nou-