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tromper la jalousie du feu roi et épargner à la reine un cruel danger.

S’il ne le savait pas d’avance, la conversation de Saint-Venant et de maître Mathieu, coupée juste à l’endroit qui aurait pu le renseigner, ou du moins le mettre sur la voie, le laissait dans sa complète ignorance.

Dans la vérité des événements qui composent notre vie à tous, il arrive souvent que des drames bien plus terribles que le nôtre tournent autour d’un pivot encore plus subtil.

Le More ne savait pas, en effet, et tout l’effort de sa robuste volonté l’entraînait vers une voie qui devait l’enfoncer toujours plus avant dans son erreur.

Et nous pouvons le dire tout de suite : il n’y avait nulle chance qu’il pût être éclairé par le hasard. Ceux qu’il interrogeait, ceux qui étaient dévoués corps et âme à madame la comtesse de Pardaillan gardaient le silence sur tout ce qui la touchait : obéissant en cela à ses ordres formels.

Et la rigueur des ordres de madame Éliane avait son origine dans ce fait qu’elle espérait tout de la reine, qu’elle avait un impérieux besoin de la protection de la reine. On lui avait dit : Soyez discrète. Elle obéissait.

— Venez voir, messieurs ! s’écria maître Chantereine, voici les deux charlatans de Bergame qui traversent la Cour-Orry pour se rendre chez Sa Majesté.

Un groupe de curieux se forma sur la porte. Le More et ce coquin de Mitraille marchaient en