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soliveau, tomba, se releva et reprit sa course. Le conseiller le suivit. Ils empochèrent encore quelques bonnes estafilades à la volée, mais enfin ils se perdirent dans la cohue des matériaux entassés pêle-mêle, et parvinrent à gagner les fenêtres de derrière qu’ils franchirent sans se retourner, puis, mettant bas toute vergogne, ils se lancèrent, demi-nus qu’ils étaient et vêtus seulement de leurs chemises, au travers des rues, comme si le diable eût été à leurs trousses.

On ne les avait pas poursuivis très loin, et il y avait déjà du temps que nos deux loups-garous, maîtres de la place, reprenaient paisiblement haleine en examinant les diverses pièces du costume de montreurs de lanterne magique qu’ils allaient à leur tour revêtir, à moins d’accident nouveau, car ces robes arméniennes semblaient, ce soir, ne pouvoir tenir sur les épaules de personne.

C’était, en effet, pour conquérir ces dépouilles opimes que la furieuse attaque avait eu lieu. Du moins, tel était le but de l’un des assaillants : le général ; l’autre, qui représentait l’armée, ne savait pas encore pourquoi il avait si joyeusement combattu.

Au moment où nous retrouvons les vainqueurs sur le champ de bataille, qui leur appartenait désormais, ce coquin de Mitraille se tenait les côtes et riait à perdre haleine.

— Par la messe ! disait-il, seigneur Estéban, vous êtes un agréable camarade, et je raconterai l’histoire par le menu à ma petite Mélise, qui n’aime pas ce cafard de Saint-Venant. J’en rirai