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vos jambes seulement. À notre toilette, morbleu !

Mathieu regarda tout autour de lui.

— Il peut passer du monde, objecta-t-il.

— Aussi, répondit le conseiller, allons-nous pénétrer dans un réduit plus commode. Ça, mes camarades, la bâtisse de M. le marquis d’Estrées est au premier occupant. Nous serons là comme des anges pour échanger nos nippes. Donnez-vous, je vous prie, la peine d’entrer.

Il passa le premier le seuil de la maison en construction, les autres le suivirent. L’instant d’après, ils étaient tous quatre dans l’enceinte et le hasard les avait réunis au lieu même où l’homme au burnous se tenait naguère à l’affût.

Celui-ci avait disparu.

Pendant qu’ils entraient par la porte, il était sorti par la fenêtre et traversait maintenant à larges enjambées le terrain qui séparait la bâtisse du cabaret de maître Chantereine.

Celui-ci, qui restait en sentinelle sur sa porte, l’aperçut de loin, rentra dans la salle commune et cria :

— Debout, capitaine Mitraille ! Dégainez ! Voici venir le mécréant que vous voulez pourfendre !

Ce coquin de Mitraille se leva en effet et mit galamment l’épée à la main. Les habitués de la Pomme-d’Amour purent croire qu’ils allaient assister à belle fête ; mais quand le More entra, la tête encapuchonnée dans son burnous blanc, Mitraille se rassit.

Il faut vous dire que, bien malgré lui, Mitraille ayant rompu son jeûne, avait continué de boire à contrecœur, modérément d’abord, puis à sa soif