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têtes : Turenne et Condé, bataillant au hasard parmi la farandole ivre que dansent la cour, la ville, les parlements, la finance, tout cela va bien, je ne sais pourquoi, autour d’Anne d’Autriche, dodue, fraîche, coiffée à la Sévigné et jouant le sort de la France, dont elle ne se soucie guère, pour garder les moustaches de son svelte cardinal.

Notre drame ne va pas jusqu’à la Fronde. C’est un fait particulier, à peine mêlé aux intrigues du temps, qui fait notre histoire. Il naît et meurt, dans ces heures de transition qui séparèrent la mort de Louis XIII de la révolte du Parlement. Cette courte et insignifiante période est appelée dans les livres le règne des Importants.

Les Importants étaient tous ceux qui avaient eu la tête courbée sous le lourd talon de Richelieu, et on les nommait ainsi parce que, ne sentant plus sur leur front le poids de ce terrible talon, ils se redressèrent haut et vite. On put croire un instant qu’ils allaient être les maîtres. La reine aimait en eux ses anciens camarades de cour, ses alliés de « l’opposition », s’il est permis d’appliquer ce mot tout moderne à des choses d’une autre époque. Elle mit à leur ouvrir les portes des prisons un empressement cordial.

On vit alors reparaître tous ces paladins de la résistance, qui excitaient autrefois parmi le peuple et parmi la noblesse un véritable enthousiasme : les ducs de Retz, de Guise, d’Épernon, la marquise de Senecey, madame d’Hautefort, la duchesse de Chevreuse, Fontrailles, Chateauneuf, le président de Blanc-Mesnil, et même ces deux