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« Monseigneur, voici la meute qui approche. Je ne veux pas que vos nobles amis voient cette jeune demoiselle.

— Ah ! ah ! fit le duc étonné, n’as-tu point dit : Je veux, cadet de Guezevern ?

— J’ai dit : je veux, monseigneur. Le roi dit bien : Nous voulons ! J’ai mis dans ma tête que cette enfant-là serait sauvée ! Et, de par Dieu, elle le sera ! »

Vendôme se tenait les côtes à deux mains, non point pour rire, hélas ! Il était plus ivre encore que malade et ses jambes molles pouvaient à peine supporter le poids de son corps.

« Holà, Candale, mon mignon ! cria-t-il d’une voix dolente. Holà ! Bouteville, Elbeuf, Modène, Louvigny, Puylaurens ! À moi ! le Bas-Breton a manqué de respect à un fils de France ! Venez tous et qu’on me l’assomme ! »

Il en aurait dit assurément beaucoup plus long, si la main de Guezevern ne s’était posée sans façon sur sa bouche.

Pour le coup, M. de Vendôme pensa suffoquer de courroux.

Mais Guezevern approcha ses lèvres de son oreille et murmura doucement :

« Monseigneur, je connais la donzelle. C’est Renaude. N’entendîtes-vous jamais parler de Renaude Belavoir, qui a un secret contre la colique ? »

L’effet de cette courte harangue se produisit, foudroyant comme un miracle.

M. de Vendôme remit son épée au fourreau, et dit :

« Ventre-saint-gris ! Mon compagnon, que ne parlais-tu ? Donne ta main, et tiens ferme. Nous allons asseoir la fillette entre nous deux, et la porter à l’hôtel à la guerdindaine. Bellement, corbœuf ! Bellement ! j’ai ouï parler du remède de la Renaude : on dit qu’il guérit à baise-mains. Bellement, donc, mécréant ! si tu me la gâtes, je t’étrangle comme un poulet ! »