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du testament du monarque défunt, tenait la régence. Bien que ce prince, pour qui l’histoire a eu de sévères condamnations, mît volontairement en oubli la grande politique de son maître, cette politique subsistait par sa force propre, partout où des mains malhabiles ou perfides ne prenaient point à tâche de la miner sourdement.

En Bretagne, la longue et vaillante résistance des États avait pris fin.

Un intendant de l’impôt avait été installé à Rennes, et le pacte d’union, violemment amendé, ne gardait plus ses fières stipulations en faveur des libertés de la province. Le parti breton était donc vaincu ; la Bretagne se faisait France en définitive : il n’y avait plus de frontière.

Mais autre chose était de consentir une mesure en assemblée parlementaire, autre chose de faire passer cette mesure dans les mœurs d’un peuple dont l’entêtement est devenu proverbial. M. de Pontchartrain, le nouvel intendant royal de l’impôt, avait l’investiture légale de ses fonctions ; il lui restait à exécuter son mandat, ce qui n’était point chose facile.

Partout on accusa les États de sa forfaiture : on résistait partout.

Lors de la conspiration de Cellamare, ce fut en Bretagne que la duchesse du Maine réunit ses plus hardis soldats. Les Chevaliers de la Mouche à miel qui se nommaient aussi les Frères-bretons, formaient une véritable armée dont les chefs, MM. de Pontcallec, de Talhoët, de Rohan-Polduc et autres eurent la tête tranchée sous le Bouffay de Nantes, en 1718.